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L’écriture et moi : 14 ans d’évolution

    Quand j’avais fait mon petit sondage pour savoir ce que vous attendiez du contenu de ce blog, quelqu’un avait demandé à avoir plus de contenus sur mes expériences personnelles par rapport à l’écriture. Je vous propose donc une petite plongée dans le temps pour revenir sur l’évolution de mon écriture et de ma façon d’aborder ce loisir, ou ce travail, ou un peu des deux.

    L'écriture et moi : 14 ans d'évolution


    Au commencement, écrire, c’était simple

    Alors si on voulait revenir au tout, tout début, il y a eu un genre de conte que j’ai écrit vers mes 13 ans et dont j’espère qu’il ne reste plus aucune trace sur terre, puis un début de roman épistolaire où une héroïne sans grand intérêt racontait sa petite vie d’adolescente et ses histoires de cœur à sa meilleure amie partie vivre à l’étranger. C’était l’époque où, en quelques sortes, j’avais décidé de devenir écrivain, mais sans bien savoir ce que je voulais écrire et absolument aucune idée de comment m’y prendre.

    Le vrai commencement, ça a bien sûr été les fanfictions. Je vous en ai longuement parlé dans mon récent article sur le sujet. Je suis tombée dans la marmite à 15 ans et je m’y suis joyeusement noyée : cette fois, j’avais des tonnes d’idées de choses à écrire. Et je croyais d’ailleurs avoir parfaitement trouvé comment m’y prendre : je recevais de nombreuses reviews (= des commentaires) enthousiastes, d’amis ou bien d’inconnus, et je pensais donc que j’écrivais très bien. L’ambition de mon enfance était atteinte. Il ne me restait plus qu’à écrire un roman.

    L’idée première du Page de l’Aurore m’est venue un peu par hasard et je l’ai écrit tranquillement entre mes 17 et mes 20 ans. J’abordais cet exercice avec bonheur, de façon assez similaire à ce que je ressentais en écrivant des fanfictions, d’autant que je postais aussi chaque chapitre sur internet pour avoir des (gentils) retours. Je m’y prenais sans méthode ni recul : tout a commencé par un vague poème, le poème s’est étoffé pour devenir 3 chapitres, après quoi je me suis rendue compte qu’il y aurait peut-être matière à en faire une histoire. J’ai imaginé la fin du roman après en avoir écrit la moitié. Je prenais tout juste la peine de me relire avant de poster mes chapitres. Et quand j’ai posé le point final, j’étais convaincue d’en avoir fini : je me rappelle encore la fierté et le soulagement que j’ai ressentis à l’idée de pouvoir enfin prétendre être une vraie romancière ! 😀

    Après avoir fait lire le roman à ma famille et à quelques amis, j’ai voulu tenter de le publier, pour voir. On m’avait fait remarquer qu’il y avait quelques faiblesses dans la structure et j’en étais consciente, mais il était hors de question pour moi de me lancer dans des corrections de grande envergure. J’avais envie de passer à autre chose et j’étais (à juste titre ^^) intimidée par l’ampleur du travail qu’il faudrait fournir pour reprendre le roman. Envoyé à l’état brut, le roman n’a pas séduit les éditeurs et est allé gentiment prendre la poussière.


    Finalement écrire c’est une tannée, mais j’aime ça

    Ou comme le dit si bien Ron Weasley :

    You're gonna suffer but you're gonna be happy about it

    Il faut effectivement être un peu masochiste pour écrire. Passer des centaines d’heures à taper sur un clavier, se perdre dans un labyrinthe de pages Wikipédia pour faire ses recherches, s’arracher les cheveux parce que l’intrigue ne fonctionne pas, désespérer en se comparant à tous les autres qui écrivent tellement mieux, et tout ça pour ne vendre à peine que quelques centaines d’exemplaires – si on est chanceux. Mais est-ce qu’on ne fait tout ça que pour vendre des livres ?

    Heureusement que non. (Sinon, les auteurs auraient disparu depuis quelques siècles. Haha.)

    Toutes ces longues étapes peuvent être douloureuses mais elles peuvent aussi, et c’est le plus souvent le cas pour moi, être de vrais bonheurs. Il y a peu de choses qui me fascinent autant que d’avoir des idées qui naissent dans mon cerveau, des personnages qui apparaissent, des dialogues qui se jouent, des univers qui se déploient. Les moments bénis où l’inspiration surgit au milieu de nos prises de tête et où il faut rallumer la lumière au milieu de la nuit, ou s’interrompre en faisant la vaisselle, parce qu’on doit ABSOLUMENT noter une nouvelle idée de génie. Où on commence à écrire sans grande conviction et où les mots surgissent finalement sous nos doigts, où les personnages s’animent d’une façon qu’on n’attendait pas, où les décors prennent vie. Où on se retrouva à écrire pendant 3 heures d’affilée sans voir le temps passer.

    Cette phase d’inspiration est celle à laquelle le mythe de l’écrivain est généralement rattaché. Vous savez, l’écrivain-artiste-poète maudit dans sa mansarde, qui écrit fiévreusement à la lumière d’une chandelle en se nourrissant essentiellement de figures de style. [Pour info, il s’agit bien d’un mythe ^^ L’inspiration ne fait pas tout, elle ne vient généralement pas sans travail, et même les auteurs aiment pouvoir se payer à manger.]

    Mais bref. En travaillant sur Le Page de l’Aurore, j’ai découvert tout un nouveau pan dans l’écriture : le monde fabuleux des corrections. Au départ, ça ne me semblait pas fabuleux du tout. Les corrections sont réputées fastidieuses, beaucoup moins inspirées que la phase d’écriture, un travail de comptable bien éloigné du poète maudit (pardon, je n’ai rien contre les comptables). Bien sûr, c’est beaucoup d’efforts à fournir. Mais j’ai personnellement adoré ça. Parce que contrairement à un NaNoWriMo  où on doit se résigner à écrire de la bouse au kilomètre pour faire émerger le premier jet d’un roman, les corrections sont plutôt un travail de chercheur d’or, ou bien de joaillier chargé de faire ressortir le diamant caché dans une pierre brute. C’est extrêmement satisfaisant de travailler son texte jusqu’à en être vraiment fier. Enfin, il faut prendre garde à ne pas être trop perfectionniste, et chercher à s’améliorer plutôt que d’être irréprochable. Mais c’est tout de même une phase très stimulante.


    Ecrire, une quête épique ?

    Encore aujourd’hui, je crois que l’écriture continue à me faire peur. Surtout quand je passe d’un exercice à l’autre : quand je laisse un roman de côté pour me remettre à ma fanfiction en cours, ou quand je termine les corrections de l’un pour attaquer le deuxième jet de l’autre. J’ai toujours une angoisse avant de me lancer, la peur que l’exercice soit difficile, que je n’y arrive pas assez bien, que je finisse bloquée pendant des heures à tenter des choses nulles, effacer et recommencer.

    Mais comme dit Lord Eddard Stark : ce n’est que quand on a peur qu’on peut se montrer brave (oui, je suis en train de revoir des vieilles saisons de Game of Thrones). Quand on se lance dans l’écriture, on est un peu comme ces chevaliers de contes qui partaient pourfendre des dragons. On est seuls avec (ou face à ?) nos pauvres idées et nos pauvres mots, avec la quête de les rendre intéressants et présentables pour brosser le tableau dont on rêve et emmener d’autres compères avec nous dans l’aventure. Et c’est bien parce que ça fait si peur, parce que c’est si difficile, qu’on peut être si fier de chaque succès. Chaque phrase bien tournée est une victoire, un nouveau dragon abattu – ou bien un dragon dont on s’est fait un copain, avant d’aller rencontrer le dragon suivant. Comme pour un chevalier, il y a le frisson de l’aventure. Et même si on sait que c’est déraisonnable, qu’on part sans savoir dans quel état on va rentrer, on ne peut pas s’empêcher de répondre à l’appel.

    Bref – je vais me calmer avec mes envolées lyriques. Ce que je cherche à dire, c’est que l’écriture a toujours été un plaisir pour moi malgré tout son côté parfois laborieux. Avec mon travail sur Le Page de l’Aurore, c’est même devenu une passion au point que je me suis rendue compte que, si je pouvais ne rien faire d’autre de ma vie qu’écrire (et tenir mon blog, quand même), j’en serais très heureuse. Bien sûr, c’est loin d’être une possibilité réaliste. Mais ça a fait une vraie différence dans ma vie de me dire qu’au fond, tant que je peux continuer à écrire, le reste a assez peu d’importance.

    Et pour vous, que représente l’écriture ? Un loisir de vacances, une passion, un mal nécessaire, un métier ? Un peu de tout ?

    Crédits image : rawpixel on Unsplash

    13 commentaires sur “L’écriture et moi : 14 ans d’évolution”

    1. C’est compliqué comme question ! Pour l’instant, je ne me vois pas faire de l’écriture mon unique métier. Le fait de travailler avec des collègues et surtout la tranquilité d’esprit d’avoir un salaire fixe à la fin du mois me manqueraient trop…. L’écriture, c’est un hobby pour moi, mais un hobby qui remplit plusieurs besoins bien réels : celui d’avoir un projet à long terme, d’apprenddre de nouvelles choses, de faire quelque chose de constructif de mes temps de loisir aussi. Parfois l’écriture a pu être un besoin impératif, pour évacuer des émotions trop fortes. C’est un plaisir (et de temps à autre une torture…)
      En tout cas, on ne s’ennuie pas en écrivant !

    2. Ce que je n’aime pas dans les corrections, c’est de privilégier le fond à l’histoire, alors qu pour moi ce que je raconte est plus important. C’est un peu comme si ça faisait perdre la magie de l’histoire à mon manuscrit. Et c’est vrai qu moi aussi quand je commence des histoires je crains de mal les écrire ou qu’en fait ce soit nul. Mais finalement ç se passe plutôt bien.
      En tout cas j’ai beaucoup aimé ton article! 🙂

      1. Merci ! Sur les corrections je n’ai pas le même sentiment, j’ai plutôt l’impression que travailler la forme m’aide à faire ressortir ce qu’il y a d’essentiel dans le fond

    3. Merci pour cet article enthousiasmant ! ^^

      Je partage ton opinion sur les corrections, certes, c’est (trèèès) fastidieux, mais le résultat en vaut tellement la peine ! Quelle satisfaction d’avoir trouvé LA tournure de phrase, LE bon mot… Lorsque je relis mes travaux, je me vois comme un boxeur refaisant le portrait à son adversaire jusqu’à ce qu’il capitule (#violence) plutôt qu’en pourfendeur de dragon, mais dans les deux cas, on a ces idées de résistance et de triomphe !

      Je crois que si je pouvais écrire des histoires toute ma vie je serais heureuse. Une publication serait évidemment une consécration fantastique, mais pas indispensable. Je pense que le plus important est d’aimer le voyage, et de ne pas désespérer d’atteindre la destination ! Tout comme toi, il me parait aventureux de tout quitter pour tenter sa chance ; je crois que la créativité a aussi besoin de sécurité, en particulier financière, pour pouvoir s’exprimer ^^

      Quelle est la prochaine étape pour toi maintenant que les corrections sont achevées ?

      1. J’ai remis le texte à mon éditrice qui va travailler la mise en page, la couverture, les corrections finales etc, et normalement le livre sera publié cet automne 😀

    4. Ah la la, ce rêve de gosse d’être écrivain ! C’est une rétrospective émouvante que tu nous offres là, et dans laquelle l’auteure blogueuse padawan que je suis également se retrouve, par certains aspects. Les corrections à la fois fastidieuses mais porteuses d’une vraie récompense, la peur qu’engendre parfois l’écriture, le plaisir dans la tâche certes ardue. Et 14 ans ! Sacré parcours ! Au plaisir de te lire davantage et de découvrir les pousses de ta plume 🙂
      Jeannie C.

    5. Retour de ping : Publier mon roman : le premier essai (raté) – L'Astre et la Plume

    6. Retour de ping : Pourquoi écrire ? - Hiéroglyphes et pattes de mouche

    7. Une évidence. Même si ça semble très pompeux. ^^
      J’ai décidé, à huit ans, d’être écrivaine. Mon parcours a été un peu chaotique, mais je n’ai jamais perdu de vue cette ambition, et ça fait maintenant quelques années que je me suis remise à l’écriture, avec sérieux.

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